En ce weekend de Pentecôte, ils entretiennent la flamme in mémoriam Victory, défunte sœur cadette de la marque à la tête d’indien.


Pied de nez à Polaris ? Attitude sectaire ? Réflexe conditionné par la mise à l’écart de fidèles victoriens par quelques IMRG (clubs locaux de la marque Indian) ? Peu importe !


Ils sont venus de la Martinique, de toutes les régions de France continentale, mais aussi de l’étranger, notamment de Bretagne, de Corse ou de Belgique, afin de participer à ce weekend festif en Bourgogne. Et c'est bien cela l'essentiel !

Sylvain B. et son équipe - à l’origine de la création du groupe fermé Only Victory France sur Facebook - avec le soutien logistique de l’équipe du camping Les voiles de Laives, se sont investis corps et âmes dans l’organisation de ce 1er rassemblement réservé aux riders restés fidèles à Victory.


Vous pouvez leur demander n'importe quoi, un feu d'artifice la veille pour le lendemain par exemple, ce sont des hommes de défis, ce sera fait.


Pour autant, ne pensez pas qu'ils soient parfaits. Ils roulent quand même sur des Ducati !

Jour 1


Traditionnellement, il est consacré à l’accueil, au breefing de sécurité et à la présentation des organisateurs.


Les participants font connaissance ou se retrouvent, pour ceux qui se connaissent déjà, au cours d’un apéritif de bienvenue suivi d’un dîner. En l’occurrence, il n’est pas dérogé à la règle.


Un invité indésirable, l’orage, vient troubler les libations entamées par de joyeux drilles qui n’ont que le temps de se précipiter sur les armatures métalliques des tentes afin d’éviter qu’elles ne s’envolent et de constater les dégâts engendrés par des grêlons qu’une poule n’aurait pas reniés.


Puis, le repas débute dans la bonne humeur, la blanquette de veau ne fait pas long feu avant que Morphée ne nous ouvre ses bras.

Jour 2


Après une nuit d’orage, le petit déjeuner est englouti dans la bonne humeur, le premier jour de balade débute.

Les téléphones portables et les appareils photos crépitent, les pilotes sont impatients de profiter d’un bonheur retrouvé après quasiment deux ans d’épisodes Covid liberticides.

Les montures sont alignées devant la sortie du camp, prêtes à vrombir sur les routes Bourguignonnes.

C'est l'occasion de constater l’embellissement des machines.


Leur design originel audacieux, avec des lignes galbées ou taillées à la serpe selon le modèle, leur donnait déjà une identité forte, façonnée sans recours à la photocopieuse.


Puis, lorsque Polaris sacrifie son bébé sur l’autel du profit, elle renonce au droit de le faire grandir, de le faire évoluer par le biais d’une accessoirisation de marque.


De ce fait, émancipés de toute contrainte, les victoriens se sont eux-mêmes chargés de customiser leurs belles avec une créativité et une originalité parfois un peu débridées.

Nous sommes partis !


Direction Cormatin, son château et son jardin, appartenant à l’origine à la famille du Blé, seigneurie de Cormatin, dont les membres fréquentent la cour de France (XIIè siècle).


Si le château ne brûle pas lors de la révolution, c’est en raison du don aux émeutiers de l’intégralité des tonneaux de vin stockés dans ses caves. Anecdote qui met en exergue une longue tradition vinicole et à mal une idée reçue selon laquelle l'alcool tue.


Quant au jardin, certaines de ses plantes sont d’origine américaine, importées par le maître des lieux de l’époque, aide de camp de Rochambeau pendant la guerre d’indépendance américaine.

Lamartine, un familier des lieux, fricote avec la châtelaine qu’il engrosse lors d’amours illégitimes.


Il s’y retranche (dans le château, dans la châtelaine c’était déjà fait..) pour y écrire son programme politique qui fait référence dans la social-démocratie de l’époque (1847).


La vente du château (1898) au directeur de l’opéra de Monte Carlo engendre le concours annuel de musique de Cormatin.


Enfin, devenu un chef d’œuvre en péril, l’édifice est aujourd’hui l’objet d’une restauration financée pour partie par l’état et par les visiteurs s’acquittant d’un droit d’entrée pour le visiter.

Le train se remet en ordre de marche pour Cluny.


Une fois sur place, à peine stationnés, nous avons juste le temps d’expliquer aux badauds que Victory n’est pas une sous-marque de Harley Davidson avant que la police locale nous enjoigne de lever le camp. Notre stationnement, bien que réalisé au cordeau, empêche le passage des véhicules de secours. Nous ne contribuerons donc pas à l’essor de l’économie locale.


Pourtant, l’abbaye bénédictine (Xè siècle) mérite que l’on s’attarde.


Autrefois, Cluny n’était pas simplement une abbatiale, mais une église régionale comptant jusqu’à 10 000 membres. Fin XVIIIè, début XIXè, l’abbaye est partiellement démolie et les pierres récupérées pour la construction des maisons du bourg.


Par la suite, elle devient un site archéologique et abrite l’un des centres de l’école d’ingénieurs des Arts et Métiers.

La progression du groupe vers Lugny, l’étape suivante, se fait selon la bonne vieille méthode du tiroir. Mais les routes viroleuses à souhait, pour le plus grand plaisir des amateurs de sensations fortes, engendrent une arrivée sur site quelque peu décalée dirons-nous.


Au Bistrot Saint-Pierre, nous prenons le temps de maintenir notre taux de cholestérol et notre glycémie au taquet. Ce restaurant, dont l’intérêt relève autant de l’implantation de l’édifice offrant une vue panoramique magnifique, que de la qualité de sa cuisine, est l’endroit idéal pour un moment de convivialité régénératif.


Après avoir refait l’histoire de Victory, discuté philosophie (de comptoir), un petit café est le bienvenu avant de reprendre notre périple.

Comme une promenade digestive s'impose, nous partons en direction de la roche de Solutré, site protégé pour la variété de la faune et de la flore qu'il recèle, mais connu surtout comme le lieu de pèlerinage de François Mitterrand.


Dès 1946, tonton accompagne son beau-frère, Roger Gouze, ainsi que quelques résistants honorant une promesse faite à la fin de la guerre.


Ceux d'entre nous qui sont arrivés au sommet, qui culmine à une altitude de 495 mètres, sont récompensés par une vue à 360° sur les vignobles du Mâconnais et plus particulièrement ceux de Pouilly-Fuissé.


Outre la roche de Solutré, on peut aussi visiter le musée de la préhistoire, car le site est l'un des plus grands gisements d'Europe en la matière.

Évidemment, pendant que quelques-uns de mes courageux congénères montent jusqu'au sommet de la roche, j'accompagne au Café de la Roche, situé quelques hectomètres plus bas, deux de mes comparses souffrant de déshydratation.


Sur place, tout en prodiguant les soins nécessaires à mes compagnons (une bière bien fraîche), je m'initie à la pratique vinicole en étudiant le fonctionnement du pressoir local (il faut toujours s'instruire).


C'est ainsi, chère Adélaïde, que nous avons évité l'insolation.


Il paraît que la bière était très bonne. Personnellement, je ne me suis consacré qu'à l'étude du fonctionnement du pressoir.

Une fois de retour à la base de départ le compteur n'affiche que 148 kilomètres. Nous sommes donc en parfaite condition pour faire honneur au barbecue du soir, suivi d'un concert donné par Duo West Coast .


Les plus téméraires se lancent dans des rocks endiablés, au risque de subir anathèmes et autres sanctions du même acabit. Les autres, plus sages, craignant sans doute l'excommunication, ou peut-être simplement le déboitement de leur prothèse de hanche, se contentent de savourer, un verre à la main, cette sympathique soirée en écoutant toute la musique que j'aime.


Jean, notre hôte, répond à un défi lancé par la horde de barbus venue de Bretagne en faisant tirer un feu d'artifice. En revanche, le chef de cette horde, Olivix, n'a pas honoré sa part du défi en dansant nu sur la table, mais je garde espoir pour l'année prochaine.

Jour 3


Les meilleurs auspices ne sont pas réunis pour ce jour de longue balade. Le run prévu flirte avec les 260 kilomètres et le ciel, noir comme une chaussette de trois jours dans une botte de moto, laisse présager une balade arrosée.


La première étape du jour se fait en ordre dispersé car les gentils organisateurs décident avec sagesse de faire deux groupes. L’un se contentera d’un circuit court et visitera le cœur historique de la ville de Beaune, l’autre suivra l’itinéraire long, bravant la tempête.


Afin de préserver les amitiés nous ne donnerons pas la composition du premier groupe (nous ne posterons que les photos).

Un groupe part donc à Beaune, la capitale des vins de Bourgogne, avec sa dimension humanitaire liée à ses hospices pour les malades et déshérités (XVè siècle).



L’Hôtel Dieu dans le plus pur style gothique, la Collégiale Notre-Dame (XIIè siècle), le Musée du Vin de Bourgogne, autrefois Hôtel des Ducs de Bourgogne ne manquent pas d’attraits architecturaux.



Beaune est aussi la ville de Gaspard Monge, co-fondateur de l’Ecole Polytechnique, mais également l’inventeur de la géométrie descriptive qui me donnait tant de sueurs froides, il y a bien longtemps.

Le 2ème groupe, celui des courageux, roule en direction de la mythique station-service du Bel-Air, à La Rochepot, le long de la route nationale 6 (D 906 aujourd’hui).


De 1950 à 1970, elle est incontournable pour les vacanciers en partance pour l’Italie afin de ravitailler véhicule et estomac.


La création de l’autoroute détournant progressivement la clientèle, à l’image de l’Ace Café London si important pour les café-racer britanniques, la station périclite.


Un projet de création de parc Automobiles d’Origine et de Collection (AOC), porté par la région, permettra peut-être de redynamiser l’économie locale.


En tout cas, une petite photo s’impose, mais le retrait des combinaisons de pluie réalisé par certains pour ne pas apparaître en sac à patates sur cette photo est encore un pari risqué.

Pour gagner le château de Savigny-lès-Beaune les deux groupes empruntent forcément une route bordée de vignes qui feront de grands crus.


Il ne faudrait tout de même pas oublier que nous parcourons une région dans laquelle les villages se nomment Vosne-Romanée, Pouilly, Chablis ou Gevrey-Chambertin.

Pour la petite histoire, dans l’antiquité, le vin n’est pas une boisson noble. Il est coupé avec de la cannelle ou des fruits.


Du temps des bacchanales romaines, on célèbre Bacchus sans limite, plusieurs jours durant, mais on honore surtout les bacchantes (convives féminines).


Pour cela, compte tenu du puissant effet inhibiteur de l’alcool sur les capacités érectiles, un maître de cérémonie est chargé de désalcooliser les vins au fur et à mesure que la soirée avance.


Je ne sais si cet homme a fait son office au cours du weekend, mais aucune des participantes ne s’est plainte de quoi que ce soit !

Mais revenons au château de Savigny qui est une divine surprise.


Outre le fait qu’on y mange remarquablement bien, on peut aussi y visiter un musée des moyens de transport ou des engins de guerre Terre-Air-Mer et pas seulement miniaturisés.


Avions de chasse y côtoient camions de pompiers et motos anciennes.


A voir absolument !

Quelques kilomètres plus loin le clos de Vougeot, situé sur la commune du même nom, vous permettra de prolonger ce bon moment par une petite dégustation si vous êtes amateur.


On ne peut décemment passer en Côte-d’Or sans faire honneur aux vins de la Côte de nuits.


Pour ce qui nous concerne, cette dégustation a lieu au château de Bresse-sur-Grosne.


Jérôme présente les lieux et les vins. Après avoir écouté religieusement l’histoire du château et de ses vignobles, du moyen âge à maintenant, avec ses épisodes de phylloxéra, de mildiou et autres maladies de la vigne, la dégustation émoustille les papilles.


En cette circonstance, certains sont très satisfaits de la contenance de la bagagerie de leur Victory.

Le dîner du dernier soir arrive très vite après cette belle journée, il est déjà l'occasion de se projeter sur un deuxième rassemblement Only Victory France. L’ambiance est sage car la route de retour du lendemain est longue pour certains et si l'esprit est jovial, les corps sont courbaturés (nous n'avons plus vingt ans !).

Jour 4


Après le petit déjeuner, les départs se succèdent.


Mais l'envie de renouveler cette manifestation est unanime.

Car le constat est sans appel, ce premier rassemblement est une réussite.


Un très grand merci aux organisateurs pour ces moments de joie, de plaisir et de partage.


Longue vie à Only Victory France

Yfor 2022-06

Rassemblement de Laives avec Only Victory - Chaîne Youtube d'Alain Navarro (merci Alain)

1er rassemblement Only Victory France Laives - Chaîne Youtube de Gilles Riedweg (merci Gilles)